2 Mai 2013
INT. JOUR / FABRIQUE PEYTON – SECRETARIAT
Gros plan des doigts de KC Reid qui tape à une allure très rapide sur la machine à écrire.
Jack Peyton entre dans le secrétariat et s’approche de KC. Il la regarde un instant taper, haussant les sourcils.
JACK
Impressionnant !
KC s’interrompt.
KC
Oh, je ne vous ai pas entendu entrer.
JACK
Vous tapez très vite à la machine.
KC
Papa dit que c’est un don. Mais j’ai appris, vous savez. Mme Cord n’est pas ici. D’ailleurs, je ne sais pas où elle est. Des fois, elle est bizarre parce qu’elle ne dit pas où elle va. Alors je suis embêtée lorsqu’on la demande au téléphone.
STEVEN
Ce n’est pas grave. C’est vous que je viens voir.
KC
(Etonnée)
Moi ? Je n’ai rien fait de mal, j’espère ? Madame Cord s’est plaint auprès de vous, n’est-ce pas ? Je sais bien que je n’aurais pas dû prendre la liberté d’ajouter des noix de cajou pilées dans le café.
JACK
(A son tour étonné)
Des… Non, ce n’est pas ça, KC. Je voulais vous parler d’un sujet plus professionnel.
KC
J’ai rangé les dossiers par ordre de noms comme me l’a demandé Mm Cord et…
JACK
(Commence à s’impatienter)
KC ! S’il vous plaît. Pourriez-vous me laisser parler ?
Intimidée, KC fait oui de la tête.
JACK
Je recherche un dossier sur la société Malooga.
KC
Je ne sais pas… il faudrait demander la permission à Mme Cord.
JACK
KC, c’est moi le PDG de la Fabrique Peyton. Mme Cord n’est que la Directrice.
KC se lève et va chercher dans une armoire à dossiers suspendus. Jack la regarde, avec impatience.
Finalement, elle se retourne.
KC
Je ne vois pas de dossier Magoola.
JACK
(Rectifiant)
Malooga.
KC
En tout cas, ça commence par un « M » et je n’ai rien à cette lettre.
JACK
(Fronçant les sourcils)
Avez-vous déjà entendu parler de cette société ?
KC
Non, Monsieur.
JACK
Mme Cord n’en a jamais fait allusion devant vous ?
KC
Non. Mme Cord ne me parle que pour me réprimander.
JACK
Bien. Dans ce cas…afin d’éviter une autre réprimande, vous n’êtes pas obligée de lui dire que je suis venu.
KC
(Elle semble réfléchir)
Ah, d’accord. Et est-ce que je dois lui dire que vous recherchez le dossier Malooga ?
Jack est vraiment étonné par la naïveté de KC.
EXT. JOUR / WHITE RIVER
Plan de situation. Ville de White River. Panorama. Inscription « White River » en bas de l’écran.
Fondu enchaîné.
EXT. JOUR / WHITE RIVER – FACADE DU RESTAURANT « MOON’S »
Plan de situation.
INT. JOUR / RESTAURANT « MOON’S »
Une ambiance sympathique se dégage de la pièce. On entend les couverts s’entrechoquer et les gens attablés parler avec animation. Dans un coin de la pièce, Cal Fullerton déjeune avec le Dr Brett Gareth, un homme de l’âge de Cal, un peu plus enveloppé que lui. Le serveur leur emmène leur plat : une salade pour Cal et une entrecôte pour Brett.
CAL
(En regardant l’assiette de son collègue)
Toujours autant d’appétit, à ce que je vois.
BRETT
Tu peux me croire, Cal. La viande a bien plus de vertu qu’une salade verte.
CAL
Peut-être, mais une salade est meilleure pour la ligne.
BRETT
(Il rit)
Toujours le même, vieux. A prendre soin de toi. Tu te souviens lorsqu’on était à la fac. Tu voulais sortir avec… comment s’appelait-elle déjà…
CAL
(En souriant)
Estelle Mansis.
BRETT
Estelle Mansis ! Un beau brin de fille. Tu avais un bouton ce jour-là juste au milieu du nez.
CAL
Oui, je m’en souviens et tu avais peint le bout de mon nez avec une peinture de la même couleur que ma peau.
BRETT
Ce soir-là, tu avais tellement transpiré que la peinture s’est liquéfiée.
CAL
Je ressemblais à une marionnette en cire.
BRETT
Tu n’en menais pas large.
CAL
Tu plaisantes. J’étais humilié comme jamais. Je me serais mis dans un trou de souris !
BRETT
(Nostalgique)
C’était de bons moments.
CAL
Les meilleurs.
BRETT
(Tranchant son entrecôte)
Je dois t’avouer que ton appel m’a un peu surpris. Ca fait une paille qu’on ne s’est plus vus.
CAL
Au moins cinq ans. Ça fait du bien de te revoir.
BRETT
Te voilà bien nostalgique. Tu n’aurais pas des problèmes, toi ?
Cal hausse les épaules.
BRETT
(Il insiste)
Ça ne se passe pas bien, à Peyton Place ? Des problèmes de cœur ?
CAL
Non, de ce côté-là, tout va bien. J’ai rencontré une femme formidable. Je te la présenterai un de ces jours. Tu verras, elle est adorable.
BRETT
Bien. Je suis content pour toi. C’est donc ton travail qui te pose problème ?
CAL
Oh, je ne voulais pas t’en parler…
BRETT
Allons, je te connais. Je suis sûr que tu es venu me voir pour en parler. Nous sommes amis depuis très longtemps et je sais que tu aimes te confier à moi. Allez, déballe ce que ne va pas.
CAL
J’ai des problèmes avec une infirmière.
BRETT
Raconte.
CAL
Elle a de graves problèmes psychologiques. Elle est tombée amoureuse de moi et elle n’arrête pas de me tourner autour. Au début, je trouvais ça charmant. Mais maintenant, ça devient une véritable obsession. Elle me suit partout, elle m’envoie des bouquets de fleurs. Je ne sais plus quoi faire. En plus, elle inverse les rôles. C’est elle qui dit que je la harcèle.
BRETT
Cette fille ne te lâchera pas, si tu veux mon avis. Tu devrais demander ta mutation.
CAL
C’est que j’ai fait. Je vais repartir pour New York.
BRETT
Dans ce cas, le problème est réglé.
CAL
Pour moi, oui. Mais pas pour toi.
BRETT
Qu’entends-tu par-là ?
CAL
Rossi la fait muter à White River. De toute évidence, il veut s’en débarrasser.
BRETT
Paula Dixon ? C’est d’elle dont tu parles ? J’ai lu son dossier, il avait l’air réglo.
CAL
En surface seulement. Paula est une excellente infirmière. Elle connaît bien son boulot. Mais si tu veux un bon conseil, vieux, réfléchis avant de prendre cette fille à White River. Elle ne va t’attirer que des ennuis.
BRETT
Je vais en parler au chef du personnel.
Cal lève son verre de vin en souriant et porte un toast.
CAL
Ah nous deux, vieux frères. Et aux bons moments qu’on a passé ensemble à la fac.
à suivre...