11 Février 2013
INT. JOUR / FABRIQUE PEYTON – BUREAU HANNAH CORD
La première image est un gros plan sur les lèvres pincées d’Hannah Cord.
HANNAH
(Elle crie plus qu’elle n’appelle)
Blanche !
La caméra fait un zoom arrière depuis les lèvres d’Hannah et nous la découvrons progressivement assise à son bureau avec une liasse de papier dans les mains.
Blanche entre dans la pièce. Elle n’en mène pas large.
BLANCHE
Oui, Madame.
HANNAH
(En colère, elle montre les liasses qu’elle a dans la main)
Qu’est-ce c’est ?
BLANCHE
Ce sont les bordereaux d’expédition, Madame.
HANNAH
Ne vous moquez pas de moi. Pourquoi ces bordereaux ne sont pas signés ?
BLANCHE
Je les ai mis sur votre bureau pour signature.
HANNAH
Vous les avez mis dans le parapheur gris. Il fallait les mettre dans le parapheur rouge, avec les documents urgents à signer. Maintenant, la livraison aura une semaine de retard. Et je vous en tiens personnellement pour responsable.
BLANCHE
Sauf votre respect, Madame, ces bordereaux figurent dans le parapheur depuis trois semaines. Ils n’avaient donc pas un caractère urgent à l’époque.
HANNAH
Ne soyez pas insolente !
BLANCHE
Je ne suis pas insolente, je…
HANNAH
Vous insinuez que je ne fais pas bien mon travail parce que je n’ai pas ouvert le parapheur gris depuis plusieurs semaines.
BLANCHE
Ce n’est pas ce que j’ai dit…
HANNAH
Vous ne vous rendez pas compte du travail que je dois faire ici ? En plus, avec cette satané grève qui nous a paralysé pendant deux jours, je ne sais plus où donner de la tête. J’attends de vous une coopération totale, Blanche. Vous auriez dû mettre ces bordereaux dans le parapheur rouge.
BLANCHE
Dans ce cas, que dois-je mettre dans le parapheur gris si vous ne l’ouvrez jamais ?!
HANNAH
(Rouge de colère)
En plus d’être insolente, vous êtes totalement incompétente et illogique. Tenez, prenez ces bordereaux et faites le nécessaire pour que les marchandises arrivent rapidement à destination. Prévenez les clients par téléphone et excusez-vous. Et bien entendu, dites leur bien que c’est votre faute.
BLANCHE
Oui, Madame.
Elle saisit les bordereaux et sans demander son reste, retourne dans son bureau.
INT. JOUR – FABRIQUE PEYTON / BUREAU DE BLANCHE
Elle s’assoit à sa table de travail en soupirant. Le déclic de l’ascenseur se fait entendre, la porte s’ouvre et Betty Anderson sort de la petite cage. Elle se dirige vers Blanche.
BETTY
Bonjour, Blanche.
BLANCHE
Mlle Anderson.
Blanche a le visage rouge de colère. Ce que remarque Betty.
BETTY
Quelque chose ne va pas ?
BLANCHE
(Préférant éluder la question)
Que puis-je pour vous, Mlle Anderson.
BETTY
Je suis venue voir Mme Cord.
BLANCHE
Vous avez rendez-vous ?
BETTY
Bien sûr que non. Elle ne m’aurait jamais accordé un rendez-vous, vous le savez très bien. J’ai besoin de lui parler.
BLANCHE
Elle ne voudra sans doute pas vous recevoir.
BETTY
Peut-être qui si vous alliez… vous repoudrer le nez, on pourra dire que je suis entrée et que je ne vous ai pas vu…
BLANCHE
Allez-y.
Betty frappe à la porte.
HANNAH (off)
(En criant)
Fichez moi la paix, Blanche, et faites ces expéditions avant que ce ne soit moi qui vous expédie !
BETTY
(Elle regarde Blanche)
Toujours aussi charmante, votre patronne. Elle ne changera pas.
Puis elle ouvre la porte.
INT. JOUR / FABRIQUE PEYTON – BUREAU D’HANNAH
Betty se dirige sans hésiter vers le grand bureau en chêne massif.
BETTY
Bonjour, Hannah.
HANNAH
(Elle lève un regard surpris vers Betty)
Tiens, Betty. Vos bagages sont prêts et vous m’annoncez que vous partez ?
BETTY
Pas exactement.
HANNAH
Méfiez-vous, Betty. Mon ultimatum va bientôt arriver à expiration. Vous savez déjà où vous irez ? La Sibérie serait un bel endroit. Vous vous y plairiez. Il y fait aussi froid que dans votre cœur.
BETTY
En fait, je suis venue vous donner ceci.
Elle tend à Hannah une carte de visite. Celle-ci la prend et la regarde avec intérêt. Sur la carte, on peut : « Betty Anderson, 21466 Chesnut Street, Peyton Place, MA »
BETTY
C’est ma nouvelle adresse. Je vous aurais bien invité à ma pendaison de crémaillère, mais vous avez tellement à faire, entre maltraiter vos employés et gonfler le chiffre d’affaires sur leur dos. Vous n’avez plus une minute à vous.
HANNAH
C’est une plaisanterie, Betty.
BETTY
Non, je reste à Peyton Place. Vous espériez vraiment me chasser de cette ville ?
HANNAH
Vous risquez gros. Vous pensez que je ne vais pas porter plainte contre vous pour ce simulacre de grève que vous avez illégalement provoqué ?
BETTY
Non, je pense que vous allez le faire. Mais j’ai décidé de me battre. Si je dois comparaître en justice, alors je comparaîtrais. Si je dois être jugée, qu’à cela ne tienne ! Mais je ne vais pas baisser les bras devant vous, Hannah. J’assume mes actes et les conséquences qui peuvent en découler.
HANNAH
Vous êtes folle ! Vous risquez la prison.
BETTY
Sans doute. Ou simplement une amande Steven me défendra du mieux qu’il pourra.
HANNAH
Steven ne vous défendra pas. J’y veillerais.
BETTY
Voyons, vous ne pouvez pas veiller à tout, Hannah. Vous n’êtes pas Dieu. Vous ne pouvez pas manipuler tout le monde à votre guise.
HANNAH
C’est vous qui me parlez de manipulation ? Alors que vous avez obligé tous mes ouvriers à faire une grève qu’ils n’avaient pas l’intention de faire ?
BETTY
Toujours est-il que je reste ici.
HANNAH
Très bien. Cette semaine, je vais me rendre au poste de police et je vais dire au Sergent Walker ce que je sais sur cette grève.
BETTY
A votre guise.
Betty tourne les talons pour sortir. Mais avant d’atteindre la porte, Hannah lui crie :
HANNAH
Je ferais de votre vie un enfer, Betty Anderson. Vous avez choisi de rester ici, vous allez le regretter amèrement.
INT. JOUR / FABRIQUE PEYTON – BUREAU DE BLANCHE DEVEAUX
Blanche écoute la conversation, l’oreille collée à la porte. Estimant que l’entrevu entre les deux femmes se termine, elle retourne dans son bureau. Betty sort du bureau d’Hannah. Elle passe devant Blanche.
BETTY
Oui, toujours aussi charmante, votre patronne.
à suivre...