23 Janvier 2013
EXT. JOUR / COLONIAL POST INN
Plan de situation
INT. JOUR / BAR DU COLONIAL
Prisca Wyatt est accoudée au comptoir, un verre vide devant elle. Derrière le comptoir, Carl, le barman, essuie de la vaisselle. Prisca prend le verre et le tend à Carl.
PRISCA
Remettez-moi la même chose, Carl.
CARL
Il est encore tôt, Miss Wyatt.
PRISCA
Vous êtes mon ange gardien, Carl. Mais vous savez que je n’exagère pas. Juste un dernier verre.
CARL
(verse un verre en souriant)
Comme d’habitude.
PRISCA
Je bois suffisamment pour essayer d’avoir les idées claires. Je connais mes limites.
CARL
Je sais, Miss Wyatt. C’est simplement qu’on est à l’heure du café et non de la vodka.
Quelqu’un s’assoit sur le tabouret à côté de Prisca sans qu’elle s’en soucie. Cet homme, c’est Jack Peyton.
JACK
Vous savez, Carl, Miss Wyatt ne fait jamais rien comme les autres.
Surprise par la voix, Prisca lève la tête et regarde Jack.
PRISCA
Jack…
JACK
Eh bien, en voilà une surprise. Je me demandais combien de temps il te faudrait pour me faire enfin signe que tu es en ville.
PRISCA
Lisa…
JACK
Elle m’a dit que tu étais ici. Ca fait bien une semaine que je le sais. Je voulais que tu fasses le premier pas.
PRISCA
Jack, je… j’avais peur.
JACK
A juste titre, d’ailleurs. Après t’être enfuie du domicile conjugal un an après notre mariage sans même donner signe de vie…
PRISCA
J’avais mes raisons.
JACK
Je n’en doute pas.
PRISCA
Je suis venue t’expliquer…
JACK
Après 18 ans ! M’expliquer ? Tu te fiches de moi, Prisca.
PRISCA
Ecoute, est-ce qu’on pourrait parler dans un endroit plus tranquille.
JACK
Qui te dis que j’ai envie de te parler ?
PRISCA
Tu es venu.
INT. JOUR / COLONIAL POST INN – CHAMBRE DE PRISCA WYATT
Prisca et Jack sont dans la chambre. Ils évitent de se regarder.
JACK
Si je suis venu, c’est par simple curiosité. La curiosité de savoir pourquoi tu refais surface 18 ans après être partit.
PRISCA
Tout d’abord, je ne voulais pas partir. Je ne voulais pas te quitter.
JACK
Pourtant, tu l’as fait.
PRISCA
Lisa m’a forcée à te quitter, Jack.
JACK
C’est ce qu’elle m’a dit.
PRISCA
(Surprise)
Lisa te l’a dit ?
JACK
Oui, et ça m’a beaucoup étonné, d’ailleurs. Elle a la réputation d’être une parfaite menteuse doublée d’une hypocrite. Sur ce coup là, elle m’a épaté.
PRISCA
J’ai été forcé de partir. Je ne pouvais pas rester.
JACK
Pourquoi ?
PRISCA
Je ne peux pas te le dire.
JACK
(Agacé)
Et ben voyons ! Voilà une réponse bien facile. Tu aurais tout de même pu trouver autre chose.
PRISCA
C’est la vérité, Jack. Je t’ai quitté parce que je n’avais pas le choix.
JACK
Et tu ne veux pas dire pourquoi ?
PRISCA
Ce n’est pas que je ne veux pas, mais je ne peux pas. Si jamais tu apprends la raison de mon départ, tu seras en danger, et toute ta famille aussi.
JACK
Oh, arrête d’être aussi mélodramatique, ça me donne envie de vomir.
PRISCA
Pourtant, c’est la vérité.
JACK
Mettons que tu dises la vérité, ce dont je doute. Si tu dis la vérité, Lisa est au courant de ton… secret puisqu’elle t’a chassée de Denver.
PRISCA
Elle n’est pas au courant de tout, heureusement pour elle. Parce que sinon, elle aussi serait en danger.
JACK
Pourquoi es-tu à Peyton Place ?
PRISCA
Je me cache. Quelqu’un veut me tuer.
JACK
Tu raconterais vraiment n’importe quoi pour que je m’intéresse à toi.
PRISCA
Crois ce que tu veux, Jack.
JACK
Tu as besoin d’argent.
(Il sort son carnet de chèque)
Combien ? Dis-moi un chiffre qu’on en finisse !
PRISCA
Je ne veux pas d’argent.
JACK
(Alors qu’il est resté calme depuis le début, le voilà qui se met en colère en criant)
Alors qu’est-ce que tu veux !!!
Le ton de la voix fait sursauter Prisca.
PRISCA
Je n’aurais pas dû venir ici. Je voulais… Je voulais te dire à quel point je suis désolée de ce qui s’est passé. Je voulais te dire que…
JACK
(Plus calme)
Arrête, s’il te plaît. Ne dis plus rien et écoute-moi. Je ne sais pas si ce que tu me racontes est vrai. Si tu es en danger et si tu es partie pour une bonne raison ou parce que tu y étais obligée. Je n’en sais rien parce que je ne te connais pas. Je n’ai pas eu le temps de te connaître. Tout cela n’a plus d’importance, Prisca. Tout ce que je sais, c’est que je t’aimais profondément, que nous étions mariés pour le meilleur et pour le pire, et que tu es partie du jour au lendemain sans laisser d’adresse. Tu ne peux pas… tu n’as aucune idée de la souffrance que j’ai subi. Je ne savais pas si tu étais encore en vie, ni ce qui t’étais arrivé. Tu ne peux pas t’imaginer à quel point c’est difficile de ne pas savoir. J’ai mis des années à m’en remettre. On dit que ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort. C’est bien vrai. A cause de toi, je me suis forgé une carapace, je me suis endurci et je suis devenu une personne que je n’aurais jamais souhaité être du temps où j’étais avec toi. Pour survivre à ton départ, j’ai été obligé de me faire violence, et j’en suis arrivé au stade où plus rien n’avait d’importance. Je t’avais perdu et pour survivre, je me suis jeté à corps perdu dans le travail. J’ai découvert la puissance et j’ai écrasé tout le monde sur mon passage. Faire souffrir les personnes de mon entourage était comme une échappatoire à ma propre souffrance. Je suis devenu quelqu’un de détestable et j’aimais être détesté parce que je me détestais moi-même. Tu comprends ce que je veux dire ? J’ai toujours cru être responsable de ton départ. J’ai toujours pensé que c’était de ma faute si tu m’avais quitté.
PRISCA
(Elle pleure à chaudes larmes)
Jack, ce n’est pas ta faute…
JACK
Arrête… Ne dis plus rien. Ne me dis plus jamais rien.
Jack tourne les talons et s’en va. Prisca, déprimée, pleure de tout son saoul.
INT. JOUR / POSTE DE POLICE DE PEYTON PLACE – BUREAU DE WALKER
Paula Dixon est assise en face du sergent Walker.
WALKER
Mlle Dixon, je vous le répète, le Dr Rossi ne restera pas en cellule longtemps, juste le temps qu’on l’interroge sur ce qui s’est passé.
PAULA
Mais je veux le voir. S’il vous plaît Sergent. C’est important. C’est à cause de moi s’il a ces ennuis.
Walker sourit et tourne une feuille en direction de Paula.
WALKER
Très bien. Mais avant cela, je vous demanderai de signer votre déposition.
INT. JOUR / POSTE DE POLICE DE PEYTON PLACE – CELLULE DE MIKE
Un garde fait entrer Paula dans la pièce où il y a les cellules. Elle se dirige vers Mike.
PAULA
Dr Rossi…
MIKE
Ça va bien Paula, ne vous inquiétez pas.
PAULA
Je regrette tellement, tout ceci est ma faute.
MIKE
Non, il ne faut pas dire ça. Tout ceci est la faute de Cal Fullerton et de lui seul.
PAULA
Si je n’avais pas…
MIKE
Taisez-vous Paula. Je suis sûr que tout va s’arranger.
(Il regarde autour de lui)
C’est drôle, mais le hasard a voulu que je me retrouve dans la même cellule que… la dernière fois.
PAULA
Tout ceci est un cauchemar, ce n’est pas possible.
MIKE
Tout ira bien, Paula. Maintenant, je veux que vous retourniez à l’hôpital et que vous oubliiez cet incident. Ce soir, je serai libre.
PAULA
Mais…
MIKE
On a besoin de vous à l’hôpital.
PAULA
Très bien. Je vais aller travailler. Mais avant cela, promettez-moi une chose.
MIKE
Tout ce que vous voulez.
PAULA
Si jamais vous avez besoin de quelque chose, n’hésitez pas. Dites au garde de m’appeler à l’hôpital à n’importe quel moment.
MIKE
Promis.
à suivre...