21 Novembre 2012
INT. JOUR / COLLEGE LINCOLN – LAUSANNE
James Peyton emprunte le long couloir du collège. En face de lui, il voit Roxanne Brandt. Tandis qu’elle le fixe avec insistance, lui entreprend de l’ignorer. Il passe devant elle sans un regard tandis qu’elle le suit du regard jusqu’à ce qu’il tourne à droite, au bout du couloir. Il parvient alors aux casiers réservés aux élèves de la classe de Debbie Michels. Il l’aperçoit en train de fermer son casier et s’approche d’ elle.
JAMES
(d’un ton enjôleur)
Salut Debbie la bavarde.
DEBBIE
(se tourne vers lui, surprise)
Tiens, mais c’est Mr « Peyton-du-même-nom-que-la-ville-de-mes-ancêtres » !
JAMES
Je suis venu m’excuser pour la dernière fois.
DEBBIE
Pas de mal. J’ai l’habitude d’être remballée, tu sais. Tout le monde pense que je parle de trop et que je ne suis pas diplomate. Moi je pense personnellement qu’il faut toujours dire ce qu’on pense et…
JAMES
(il pose son index sur sa bouche)
… Debbie, je suis venu m’excuser, c’est tout !
DEBBIE
Je suis désolée. Il faudrait que j’apprenne à parler moins… et moins vite. En fait, quand je parle vite et beaucoup, c’est que… je suis… impressionnée.
JAMES
J’avais pensé qu’on pourrait redémarrer sur de nouvelles bases en allant boire un verre, ce soir par exemple.
DEBBIE
Un verre ! Oui… oui pourquoi pas. Chez Marroon ? J’adore l’ambiance de ce club. Tout particulièrement les lumières qui sont…
JAMES
(l’interrompant)
Euh… J’ai un cours de biologie qui va commencer. On se retrouve devant Marroon à 8 heures, ça te va.
DEBBIE
Oui, c’est l’heure parfaite pour…
JAMES
A ce soir.
James tourne les talons en souriant, tandis que Debbie frappe dans ses mains et sautille sur place tant elle est heureuse.
INT. JOUR / MAISON DIXON – APPARTEMENT DE PAULA
Paula entre dans son appartement en soupirant. Elle semble fatiguée. Elle pose sa coiffe d’infirmière sur la table et va mettre de l’eau à bouillir pour du thé. Quelqu’un sonne à la porte. Elle va ouvrir et constate, non sans surprise, qu’il s’agit de Jack Peyton.
PAULA
Que faites-vous ici ?
JACK
(ironique)
Je vais bien, merci. Et vous ?
PAULA
(d’un ton impatient)
Que faites-vous ici ?
JACK
Puis-je entrer ?
Après une brève hésitation, Paula laisse le passage à Jack. Dans le salon, il enlève son chapeau et regarde autour de lui.
JACK
C’est une bien belle demeure. Je comprends pourquoi vous ne voulez pas vous en débarrasser.
PAULA
Je ne veux pas que vous dénaturiez Peyton Place avec vos grands complexes, c’est la raison pour laquelle j’ai acheté cette maison.
JACK
Elle ne représente donc rien d’autre que votre haine à mon égard ?
PAULA
Je n’ai aucune haine à votre égard, Jack. La haine est un sentiment. Or, je n’ai aucun sentiment quelconque pour vous.
JACK
Aucun lien sentimental ne vous raccroche à cette maison, n’est-ce pas ?
PAULA
(elle soupire)
Ecoutez, je ne sais pas où vous voulez en venir, ni même si vous voulez en venir à quelque chose, mais s’il vous plaît, faites vite parce que je suis fatiguée et je n’aspire qu’à une chose : déguster le thé que je me prépare.
JACK
Du thé, quelle bonne idée. J’en prendrais bien une tasse.
Paula lève les yeux en signe d’exaspération et se rend à la cuisine. Jack la suit. Elle saisit deux tasses dans l’armoire.
JACK
Vous avez payé cette maison 400.000 dollars, n’est-ce pas ?
PAULA
Pourquoi me poser la question ? Vous vous êtes renseigné et vous connaissez la réponse.
JACK
Je suis venu vous faire une proposition.
PAULA
(elle dispose les sachets de thé)
Quelque soit votre proposition, elle est d’ores et déjà rejetée.
JACK
Je veux vous racheter la maison.
PAULA
(malgré elle, elle se met à rire)
Vous plaisantez !
JACK
Je vous en offre 2 millions de dollars.
PAULA
Vous êtes fou…
JACK
Réfléchissez, Paula. Je vous offre 4 fois le prix que vous l’avez acheté. C’est une offre que vous ne pouvez pas rejetée. Songez à ce que vous pourrez faire avec cet argent. Vous pourrez vous payer un domaine trois fois plus grand et plus confortable que cette vieille bâtisse.
PAULA
Vous devez beaucoup tenir à votre projet de quartier résidentiel, n’est-ce pas ?
JACK
Non seulement j’y tiens, mais j’y crois. Je crois en ce projet, je crois au fait qu’il puisse aider la ville à prospérer, à grandir, à devenir un haut lieu touristique et commercial. Peyton Place possède tous les critères pour ça. Il faut simplement me donner les moyens de concrétiser ce rêve.
PAULA
C’est votre rêve, Mr Peyton. Pas celui des habitants de Peyton Place. Nous n’avons jamais voulu devenir grands, nous voulons retrouver le calme d’avant. Avant que vous ne veniez fourrer votre nez ici.
JACK
Je suis l’héritier de Martin Peyton. Et par la même de cette ville. Et je veux ce qu’il y a de mieux pour elle.
PAULA
Si vous voulez ce qu’il y a de mieux pour Peyton Place, alors quittez là. Partez loin d’elle avec votre folie des grandeurs.
Paula fait signe à Jack de partir. Celui-ci la suit dans le salon, puis vers la porte d’entrée.
JACK
Paula, soyez raisonnable. 2 millions de dollars, ça ne se refuse pas d’un claquement de doigts.
En signe de défi, Paula sourit et claque ses doigts
PAULA
Au revoir, Mr Peyton.
Elle ouvre la porte et tous deux ont la surprise de voir Betty dans l’encadrement, la main en l’air, prête à frapper à la porte.
PAULA
Betty !
JACK
(il s’avance)
Bonjour, Betty.
BETTY
Jack.
JACK
Tu as l’air en forme.
BETTY
Je suis en forme, merci.
Tous deux se regardent longuement. Puis finalement, Jack se tourne vers Paula.
JACK
Réfléchissez une nouvelle fois. Je vous appelle bientôt.
Paula ne dit rien. Jack se tourne alors vers Betty.
JACK
Ca m’a fait plaisir de te revoir.
Betty ne répond pas. Jack s’en va.
PAULA
(à Betty)
Ne reste pas là. Entre.
Betty entre.
PAULA
Je fais du thé. Tu en veux une tasse ?
Betty suit Paula jusqu’à la cuisine. Paula verse l’eau dans les deux tasses.
BETTY
Qu’est-ce qu’il voulait ?
PAULA
Il est venu me proposer de racheter la maison.
BETTY
Il ne manque pas de culot.
PAULA
Il m’en propose 2 millions.
BETTY
Et qu’as-tu dit ?
PAULA
J’ai refusé.
BETTY
C’est une somme !
PAULA
Oui, mais j’ai des principes et mes principes ne sont pas à vendre.
Betty prend la tasse brûlante que lui tend Paula.
BETTY
Je suis venue te parler de Lisa.
PAULA
(soupire)
Qu’est-ce qu’elle a encore fait ?
BETTY
Eli Carson l’a renvoyée.
PAULA
Je suppose que ça devait arriver un jour.
BETTY
Ce qui fait qu’elle n’aura sans doute pas les moyens de payer le prochain loyer.
PAULA
Que dois-je faire, à ton avis ?
BETTY
Elle a les jumeaux, tu sais. Si elle se retrouve à la rue, eux aussi le seront.
PAULA
(lève les bras au ciel)
Formidable ! D’un côté, on me propose 2 millions de dollars, et de l’autre côté, on me demande de subvenir aux besoins d’une femme et de ses deux enfants ! La vie est vraiment mal faite.
à suivre...