épisode 406 : Les retrouvailles

1 Octobre 2012

INT. JOUR / FABRIQUE PEYTON

La secrétaire de direction de la Fabrique, Blanche Deveaux, tape à la machine une commande. Avec son chignon relevé et ses lunettes au bout de son nez, elle est l’archétype de la vieille fille modèle et pingre.

Betty Anderson entre dans la pièce et se dirige vers elle.

BETTY

Bonjour, Blanche.

Blanche lève la tête et pince les lèvres.

BLANCHE

Mlle Anderson.

Puis elle replonge dans sa commande. Betty hausse les épaules.

BETTY

Moi aussi je suis heureuse de vous revoir, Blanche. Comment vont les affaires ?

BLANCHE

Je crois que cela ne vous regarde plus, maintenant.

BETTY

Vous n’avez pas changé, toujours aussi insolente avec vos supérieurs.

BLANCHE

Mes supérieurs ? Je n’en vois pas dans cette pièce.

BETTY

Jack veut me voir. Il est ici ?

BLANCHE

Je termine ma commande et je m’occupe de vous.

Soudain excédée, Betty pose les mains sur la machine à écrire.

BETTY

Ça suffit ! Je sais parfaitement que vous ne m’aimez pas plus que je vous aime. Seulement là, je perds patience. Alors allez dire à Jack que je suis ici et…

JACK

… toujours la verve aussi facile.

Betty s’immobilise. Puis elle se tourne lentement vers Jack, qui est dans l’encadrement de la porte du bureau directorial qu’occupait Betty avant de partir.

BETTY

Jack…

JACK

Je crois que nous avons à parler, toi et moi. Entre.

Betty le suit dans le bureau. Elle regarde autour de lui.

BETTY

Rien n’a changé ici.

JACK

Détrompe-toi, beaucoup de choses ont changé. En fait, tout a changé, sauf la déco.

BETTY

Tu as assuré la direction de la Fabrique pendant mon absence ?

JACK

Il a bien fallu que je le fasse. Chaque jour, j’attendais de tes nouvelles. Je pensais que tu allais revenir vite. Chaque jour qui passait me donnait son lot d’espoir. Et quand arrivait le soir, je quittais la Fabrique fatigué et déçu parce que tu n’avais pas donné signe de vie.

BETTY

Jack, laisse-moi t’expliquer...

JACK

Oh, non Betty. Il est trop tard pour les explications. J’ai attendu quatre longs mois des explications de ta part. Aujourd’hui, je n’en veux plus. Je ne veux pas savoir où tu étais, ni ce que tu as fait. Je ne veux pas savoir où est Rodney Harrington. Je ne veux rien savoir de tout ça. J’ai passé quatre mois à me couper en deux entre la Fabrique Peyton et ma nouvelle société immobilière. J’ai travaillé vingt heures par jour, sept jours sur sept. J’ai sué bec et ongle comme un forcené pour garder mes actifs à flot.

BETTY

Ca a bien marché, puisque tu es sur le point de faire plier le consortium des pêcheurs. Tu vas pouvoir construire des villas en bord de mer.

JACK

J’ai travaillé aussi et surtout pour pouvoir t’oublier. C’était pour moi le meilleur remède.

BETTY

Jack, je suis revenue aujourd’hui.

JACK

Tu arrives la bouche en cœur et tu crois que tout peut recommencer comme avant ? Tu te fiches de moi, Betty. (Il hurle) TU TE FICHES DE MOI !!!

Betty sursaute devant tant d’agressivité.

BETTY

(Panique)

Jack… je… je n’ai pas voulu…

JACK

(Il hurle)

TAIS-TOI !

BETTY

(Sa voix tremble)

Jack, je t’en prie…

JACK

Tu m’as bien eu. Tu as joué avec mes sentiments, avec ma société. Tu as triché avec moi. Je t’ai tout donné, Betty. Tout offert sur un plateau d’argent. Le pouvoir, la richesse, l’amour… TOUT ! Et toi, tu as tourné le dos à tout ça. Tu m’as humilié.

Pause pendant laquelle Betty baisse la tête.

JACK

Pourquoi es-tu revenue ?

BETTY

Je suis venue reprendre la direction de la Fabrique.

JACK

Le vieux Fenmore a rompu le contrat. Il ne voulait signer qu’avec toi. Nous avons perdu plusieurs millions de dollars, parce que « Madame » voulait faire le point sur sa vie… « Madame » avait l’esprit embrouillé parce que son amour d’antan est revenu lui déclarer sa flamme.

BETTY

Rodney est moi étions mariés. Il a débarqué ici le jour de notre mariage. Il m’a empêchée de devenir bigame. Tu peux comprendre que tout cela m’ait bouleversée.

JACK

La vie ne fonctionne pas comme ça, Betty Anderson. En tout cas, ce n’est pas comme ça que je fonctionne. Tu t’attendais à quoi ? A ce que je t’accueille les bras ouverts !

BETTY

Je m’attendais à ce que tu comprennes ma situation.

JACK

Comment essayer de comprendre ta situation quand tu n’as même pas cherché à comprendre la mienne ! Comment pourrais-je encore te faire assez confiance pour te laisser à nouveau diriger la Fabrique ?

BETTY

J’ai toujours fait du bon travail ici, Jack. Tu ne peux pas dire le contraire. Tu avais confiance en moi, tu peux retrouver cette confiance à nouveau.

JACK

Te faire confiance ? Toi qui es partie pendant quatre mois sans même te soucier de la Fabrique !

BETTY

Je savais que tu pouvais te débrouiller seul. Tu l’avais bien fait avant que je prenne ce poste.

JACK

Qui me dis que tu ne vas pas repartir un jour ? Je n’ai aucune garantie. Cette Fabrique est l’une des plus grosses entreprises de la Nouvelle Angleterre. Je ne peux pas me permettre d’avoir une directrice volage.

BETTY

Tu veux que je te dise, Jack. Je crois que la Fabrique n’est pas le plus gros problème pour toi. Tu te caches derrière elle pour te venger de moi. Tu as raison de m’en vouloir, tu peux me détester si tu le veux, mais tu es en train de mélanger les problèmes sentimentaux avec les problèmes professionnels. Je veux reprendre la direction de la Fabrique. J’en ai le droit et les capacités.

JACK

Tu n’as plus aucun droit depuis que tu as quitté ce poste.

BETTY

Donc, si j’ai bien compris, tu ne veux pas me réintégrer dans l’équipe.

JACK

Il y a une place d’ouvrière vacante, si ça t’intéresse. C’est vraiment tout ce que tu mérites.

BETTY

Tu n’es pas juste, Jack. Je veux reprendre ma place.

JACK

C’est trop tard, de toute façon. J’ai déjà engagé quelqu’un d’autre, qui doit commencer aujourd’hui, justement.

BETTY

Tu n’as pas perdu de temps.

JACK

Si, j’ai perdu quatre mois au total. Quatre mois à attendre que tu reviennes.

BETTY

Qui est cette personne ?

JACK

Une personne de taille, crois-moi. Mais tu vas pouvoir la féliciter. Elle est ici.

Jack appuie sur le buzzer de son téléphone.

JACK

Tu peux venir.

Il se lève et sourit.

JACK

Tu vois Betty, te me connais bien. Mais tu ne sais pas de quoi je suis capable, surtout lorsqu’on se moque de moi. Qui s’y frotte s’y pique. Tu m’as fait mal, à mon tour maintenant.

La porte s’ouvre et une femme apparaît. Betty retient son souffle. Lorsqu’elle voit devant elle sa plus grande ennemie, Hannah Cord, la mère de Jack et mère adoptive de Steven, elle pousse un cri de stupeur.

JACK

(Il sourit méchamment)

Betty, je te présente la nouvelle directrice de la Fabrique Peyton.

BETTY

(Choquée)

Ce… ce n’est pas possible ! Pas elle.

Hannah Cord sourit à Betty.

HANNAH

Bonjour, Betty. Je savais bien qu’un jour, on se retrouverait.

A suivre...