11 Septembre 2012
INT. JOUR / PEYTON PROFESSIONNAL, BUREAU DE JACK
Jack Peyton regarde par la fenêtre. La caméra nous offre un plan de ce qu’il voit. Le square, où de jeunes enfants en culottes courtes jouent au ballon. Une vieille dame est assise sur un banc. Elle lit un roman. Dans le kiosque à musique, un jeune couple s’embrasse amoureusement.
ELI CARSON (off)
L’été de la Saint Martin marque aussi les esprits. Les habitants de la Nouvelle Angleterre sont conscients que les beaux jours ne dureront pas. L’automne piétinera sans scrupules les beaux rayons du soleil. Les arbres perdront leurs feuilles.
Plan de Jack qui regarde par la fenêtre.
ELI CARSON (off)
Comme Jack Peyton, qui a la sensation d’avoir perdu celle qu’il aime.
En échos, on entend la voix du révérend : « si quelqu’un dans l’assistance voit une raison d’empêcher ce mariage, qu’il parle maintenant ou qu’il se taise à jamais. »
*** Flash Bach ***
RODNEY HARRINGTON
Moi, je m’y oppose !
L’assistance regarde Rodney, Des rumeurs montent. Betty Anderson, dans sa robe de mariée, s’évanouie.
REVEREND
Qui êtes-vous ?
RODNEY
Je m’appelle Rodney Harrington, et je suis marié à Betty Anderson.
Les rumeurs montent de plus belle dans l’assistance. A l’autel, Jack porte secours à Betty. C’est à ce même moment que le coup de feu, à l’étage, retentit.
*** Retour au présent ***
Jack regarde toujours par la fenêtre. Quelqu’un frappe à la porte. Sans attendre de réponse, Steven Cord entre. Jack le regarde droit dans les yeux.
STEVEN
J’espère que tu as une bonne raison de m’avoir dérangé. Je suis débordé de travail.
*** écran blanc : flash-back ***
A l’hôpital de Peyton Place, Jack retient Lisa qui veut accompagner son fils au bloc opératoire. Puis Lisa voit Linden et se précipite vers lui pour le ruer de coups.
Jack aperçoit Steven qui entre dans le bâtiment. Encore en état de choc, Jack marche lentement vers lui.
JACK
Où est-elle ? Où est Betty ?
*** retour au présent ***
JACK
Où est-elle ?
STEVEN (il soupire)
Jack, combien de fois faudra-t-il que je te le dise ? Je ne sais pas !
JACK
Tu mens ! Je sais que Betty a pris contact avec toi. Est-ce qu’elle est avec Rodney ?
STEVEN
Jack, tu ferais mieux d’oublier Betty. J’y suis parvenu, tu y arriveras aussi.
JACK
Ce n’est pas aussi simple. Je te rappelle que Betty est censée diriger la Fabrique. Elle a disparu le jour où l’on devait se marier. Ca fait quatre mois maintenant. J’appelle ça un abandon de poste. La Fabrique va mal depuis qu’elle a tout laissé tomber. Les dossiers s’accumulent.
STEVEN
Tu devrais lui trouver un remplaçant.
JACK
C’est bien ce que je compte faire. Quelqu’un vient remplacer Betty à la Direction. Je l’attends dans les prochains jours.
STEVEN (il lève les bras)
Parfait ! Où est le problème dans ce cas ?
JACK
Le problème, c’est le vieux Fenmore. Il n’accepte de signer le contrat qu’avec Betty. Si nous perdons ce contrat, nous perdons beaucoup.
STEVEN
En quoi cela me concerne ?
JACK
Je voulais laisser une dernière chance à Betty. Si tu me dis où elle est, j’irais la voir. J’essaierais de la raisonner pour qu’elle reprenne son poste.
STEVEN
Même si elle a décidé de rester avec Rodney ?
JACK
Je n’ai pas pour habitude de mêler mes sentiments personnels aux affaires.
STEVEN
Je ne sais pas où se trouve Betty.
JACK
Très bien. Dans ce cas, lorsque tu la verras, dis-lui bien qu’elle n’est plus la Directrice de la Fabrique Peyton.
INT. JOUR / MANOIR DES PEYTON
La porte d’entrée s’ouvre. Lisa Peyton passe la porte. Elle porte une valise dans la main. James Peyton la suit. Il entre à son tour dans le vestibule. Lisa pose la grosse valise près de la petite armoire.
LISA
Mary !
Pas de réponse. Lisa regarde son fils est souri. Son sourire tremble.
LISA
Va t’asseoir au salon, mon chéri. Tu as encore besoin de te reposer.
JAMES (ton sarcastique)
C’est vraiment trop de sollicitude, mère.
Il marche doucement vers le salon.
LISA (crie)
Mary !!
Voyant que la servante n’arrive pas, elle hausse les épaules et se rend dans le salon.
James est déjà assis sur le canapé. Lisa s’approche de lui.
LISA
Chéri, je sais que c’est difficile…
JAMES
Non, tu ne sais rien. Tu ne peux pas savoir ce que je ressens.
LISA
Il faut oublier ce drame, maintenant.
JAMES
Comment l’oublier, Maman. Je ne sais même pas ce qui s’est réellement passé. A maintes reprises je t’ai demandé pourquoi Papa a tenté de se suicider… pourquoi tu étais partie pendant plusieurs jours sans dire où tu allais.
LISA
C’est très compliqué. Ton père et moi, on ne s’entendait plus et…
JAMES
Arrête, Maman. Tu prends toujours cette excuse. Mais je sais qu’il y a plus que ça. J’étais sur l’estrade à l’église ce jour-là. J’ai vu Papa braquer son arme sur Jack.
LISA (interloquée)
Quoi ? Tu ne m’as jamais dit ça.
JAMES
Pourquoi aurais-je dû te le dire ? Tu ne me dis rien toi non plus.
LISA
Ton père a braqué son arme sur Jack avant de la retourner contre lui ?
JAMES
Tout cela n’a plus d’importance, maintenant. Depuis des mois j’essaie de connaître la vérité. Et tu n’as jamais su répondre avec franchise à mes questions. Tu n’as fait que les esquisser. Avant ce drame, je savais que tu étais en train de détruire notre famille. Jamais je n’aurais pensé que ce serait à ce point.
LISA
James, il n’y a pas qu’à moi qu’incombe la faute.
JAMES
Vraiment ? Papa est partie plusieurs jours sans laisser d’adresse. Et il réapparaît le jour du mariage de Jack avec un revolver en main. Il y a de quoi se poser des questions. Qu’est-ce que tu lui as fait, Maman ?
LISA
James, je t’en prie…
JAMES
Peut-être que tu ne t’en souviens plus. Tu étais si souvent imbibée d’alcool.
LISA
Je ne bois plus maintenant.
JAMES
Ce qui se passe maintenant importe peu. Je ne vois que le résultat. Et le résultat, c’est que les jumeaux sont perturbés, que mon père est dans un asile d’aliénés et que j’ai pris une balle en pleine poitrine.
LISA
Ce n’est pas moi qui aie tiré sur toi, James. Tu n’as aucun droit de m’en vouloir. Je t’aime.
JAMES
J’en ai assez de ces discussions qui tournent en rond.
LISA
Chéri, tu dois te reposer. Mary a préparé ton plat préféré pour ce soir. Prends tes aises. Tu es chez toi ici.
JAMES
Plus pour longtemps.
LISA
De quoi parles-tu ?
JAMES
Je pars dans deux jours.
LISA
Tu pars ? Mais où ? Et Pourquoi ? La rentrée scolaire est prévue la semaine prochaine, tu ne peux pas t’en aller comme ça.
JAMES
Justement, Je me suis inscrit dans un collège privé. En Suisse.
LISA
En Suisse ! Mais pourquoi ?
JAMES
J’ai besoin de partir d’ici. Tu devrais comprendre ça.
LISA
Mais tu ne peux pas partir, James. Tu es mineur. Je dois donner mon accord.
JAMES
Je veux partir, et tu ne pourras pas m’en empêcher.
LISA
Bien sûr que si ! Je suis ta mère.
JAMES
De toute façon, les papiers ont été signés.
LISA
Et par qui ?
JAMES
Jack.
INT. JOUR / PEYTON PROFESSIONNAL, BUREAU DE JACK
Jack sursaute lorsque la porte de son bureau s’ouvre brutalement sur Lisa. Elle est rouge de colère.
LISA
Pourquoi est-ce que tu as fait ça ?
JACK
Lisa, je suis occupé…
LISA
Tu veux que mon fils s’éloigne de moi, n’est-ce pas ?
JACK
Il t’a parlé de son école en Suisse…
LISA
C’est toi qui l’as baratiné pour qu’il s’en aille, n’est-ce pas ? Tu me détestes donc à ce point pour vouloir m’enlever la seule chose qui me reste au monde ?
JACK
Oh, je t’en prie. Ne sois pas si mélodramatique. Ca ne te va pas du tout. Encore une fois, tu reportes tout sur toi. Tu crois que j’ai aidé James uniquement pour te faire du mal. En fait, je n’ai pensé qu’à lui et à personne d’autre. Lisa, James a besoin de faire le point. De même qu’il a besoin d’oublier ce drame. Ce n’est pas à Peyton Place qu’il y arrivera.
LISA
Je ne veux pas qu’il parte.
JACK
Il partira. J’ai signé les papiers.
LISA
Tu n’as aucun droit sur lui. Je suis sa mère.
JACK
Dois-je te rappeler qui est son père ?
LISA
Il ne sera jamais ton fils sur le plan légitime.
JACK
C’est pour cela que tu vas le laisser partir en Suisse.
LISA
Je ne te suis pas…
JACK
Si tu l’empêches d’aller faire ses études en Europe, je lui raconte tout.
LISA (on lit la peur dans ses yeux)
Tu ne ferais pas ça ! Tu n’oserais pas. Tu ne feras que bouleverser James plus qu’il ne l’est maintenant.
JACK
Lisa, ce petit est totalement perdu. Il ne sait plus où il en est. Il sait qu’il peut compter sur moi. Je suis le seul membre de sa famille qui s’intéresse à lui.
LISA
Ce n’est pas vrai. Je l’aime.
JACK
Peut-être, mais tu t’y prends très mal.
LISA
Est-ce que tu me ferais du chantage ?
JACK
Laisse-le partir, Lisa. Il en a besoin.
LISA
Je te déteste pour tout le mal que tu me fais.
JACK (lève les bras au ciel)
Moi…moi…moi… toujours moi ! Pense un peu aux autres pour une fois.
Lisa baisse les yeux.
JACK
Alors, tu acceptes ?
LISA
Je crois que je n’ai pas le choix.
A suivre...