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L'Univers de Peyton Place - Fanfictions

Matt Carson - Saison 2 Episode 9

Matt Carson - Saison 2 Episode 9

En sortant du poste de police, je dévale les escaliers. Jen est derrière moi et tente de me suivre. 

Je suis en colère. Je marche rapidement vers le square du centre-ville, fixant l’asphalte qui se déroule devant moi. 

- T’es encore fâché ? demande Jen d’une petite voix. 

Je ne réponds pas. Je sens que si je lui réponds maintenant, je vais regretter mes paroles. 

Je marche tellement vite que Jen est pratiquement obligée de trotter derrière moi. Elle continue : 

- Bon, j’ai compris la leçon, mon lapin. Je n’irais plus embêter les flics en pleine investigation. 

Je m’arrête brutalement. Jen est surprise et me rentre dedans. Je me retourne vers elle. 

- Tu n’as pas fait qu’embêter les flics, tu es passé outre un périmètre de sécurité, tu as sans doute souillé un lieu où on pouvait trouver de l’ADN et avancer sur l’enquête, tu as insulté un agent de la police et frappé un autre. 

- Ah non, s’insurge Jen. Je l’ai juste poussé un peu. C’est pas de ma faute si ce petit gringalet ne tient pas debout…

Je saisis les épaules de Jen et la secoue légèrement.

- Jen, ce que tu as fait là est grave. Si Brian n’était pas un ami à moi, tu aurais sans doute écopé d’une belle amende, voire d’une peine d’emprisonnement. 

Jen fait la moue.

- À la place de ça, je vais faire la boniche au commissariat pendant trois mois. 

- Et c’est pas cher payé, crois-moi. Ces trois mois de travaux d’intérêt général vont sans doute te mettre un peu de plomb dans la cervelle. 

Je me retourne et continue ma marche rapide. Jen, de son côté, continue à trotter. 

- Ça veut dire que t’es encore fâché, hein ! 

- Je devrais l’être, à ton avis ? 

- Bien sûr que tu dois l’être. J’ai merdé sur ce coup. 

- Ça, tu peux le dire !

J’arrive à ma voiture et monte à l’intérieur. Plantée sur le trottoir, Jen me regarde, hésitant à monter. 

- Eh bien qu’est-ce que t’attends ? Monte !

Jen se précipite sur le siège passager de ma SUV, tandis que je démarre. Le ronronnement monotone du moteur me calme un peu. Je passe le centre-ville et roule le long du quai de Peyton Place, où l’odeur d’iode me fait du bien. Je commence à décompresser. Jen a fait une erreur, elle le regrette. Après tout, elle ne voulait que m’aider à avancer dans l’affaire. Sa fougue, sa volonté de bien faire s’est transformée en une maladroite altercation. 

Le silence s’installe dans la voiture. Je jette brièvement un coup d’œil à Jen. Elle a les bras croisés sur sa poitrine et regarde le paysage défilé devant elle. À quoi pense-t-elle ? Est-elle en colère contre moi parce que je ne la soutiens pas dans ce qui vient de se passer ? Est-elle en train de prendre conscience qu’on ne peut pas faire tout et n’importe quoi pour obtenir des informations ? 

Vraiment, je ne sais pas ce qui lui passe par la tête en ce moment. Je sais juste qu’avant de la prendre pour stagiaire, James m’avait dit que sa petite-fille était assise sur un baril d’explosif, et qu’elle n’avait qu’un geste à faire pour faire exploser toute une ville. Au début, j’ai cru qu’il en rajoutait un peu trop. Mais je me dis en cet instant que Jen est en effet une jeune fille qui n’arrive pas à contrôler ses émotions. Et cela se ressent dans ses faits et gestes.  

Je gare ma voiture devant la tour Peyton, à sa place habituelle. Enfin Jen décroche un mot.

- Bon, tu veux savoir ce que j’ai trouvé ou bien tu vas continuer à faire la tête ?

Je me tourne vers elle et pointe un index dans sa direction.

- Je te préviens juste d’une chose, et après on n’en parle plus : si jamais il se reproduit le même schéma, si jamais tu empiètes sur l’enquête de la police, je te laisserais passer la nuit en cellule. 

Jen hausse les épaules.

- Ça va, j’ai compris je te dis !

- Bon, je t’écoute. D’abord comment est-ce que tu as pu te rendre là-bas ?

- Il y avait un taxi qui attendait au bout de la rue. J’ai couru jusqu’à lui et je lui ai demandé de suivre la voiture de police. Je lui ai promis une belle somme pour ça. Au fait, tu lui dois cent dollars. Il viendra les chercher ce soir après son service.

Je secoue la tête. Je sens la moutarde qui me monte une nouvelle fois au nez.

- Cent ?... 

Mais Jen m’interrompt. 

- Tu veux savoir ce que les flics ont trouvé oui ou non ! 

Elle voit que je me tais, alors elle continue. 

- L’iPhone de Lili, et un peu plus loin son sac à main. Il y avait du sang sur le sac. Ils ont aussi découvert autre chose, mais je ne sais pas quoi, un des flics m’a chopée avant. 

- C’est plutôt toi qui l’as chopé, vu l’état de son arcade sourcilière ! 

- En tout cas, toujours pas de corps. Tu veux mon avis ? Lili n’est pas morte. Je pense qu’elle s’est tirée.

- En abandonnant téléphone et sac à main ?

- Elle voulait démarrer une autre vie. Le téléphone… son sac à main… C’est un message qu’elle a laissé. Elle laisse tout derrière elle. 

Je ne suis pas convaincu par l’hypothèse de Jen, mais me garde de le lui dire. 

L’après-midi se passe dans le calme. Depuis mon bureau, je n’ai pas entendu une seule fois un éclat de voix entre Jen et Amanda. Je crois bien que Jen se fait toute petite, ma colère lui a fait peur. Peur de perdre son job. C’est une bonne chose, cela veut dire qu’elle tient à son travail. 

Aujourd’hui, je décide de partir plus tôt du bureau. C’est un brusque mouvement de la tête qui m’a décidé. Je planchais sur l’affaire Godard, une escroquerie à l’assurance, lorsque j’ai levé le buste pour me détendre et aperçu le cadre où ma belle petite fille blonde me souriait. 

Allie…

J’ai une soudaine envie de passer le reste de mon après-midi avec elle. Un bonheur pour moi, comme pour Chris qui pourra se reposer. 

Je laisse donc Amanda et Jen en tête-à-tête, priant pour retrouver mes meubles à leur place demain matin, et m’engouffre dans ma SUV où je mets la clim et Greenday à fond. Je me prends à chanter « 21 Guns » avec le groupe, cela me détend. 

Arrivé dans Chesnut Street, je me rappelle soudainement qu’il fallait que je nous décommande, Chris et moi, auprès des Grainger pour le repas de vendredi. Je me gare en soupirant. Encore une corvée avant de retrouver ma petite frimousse. Je n’ai aucune envie de parler avec Mary, ni même de lui donner une excuse pour l’annulation de ce repas. Je vais simplement me mettre en mode avocat et balancer une phrase toute faite du type : « Nous sommes vraiment fatigués en ce moment. Et mon mal de crâne n’arrange rien. Non, vraiment, nous ne serions pas de très bonnes dispositions. Mais ce n’est que partie remise… ». En espérant que Mary n’insiste pas. 

Je trouve la jeune Charmaine assise sur le trottoir de la rue, juste en face de chez elle. Des crayons de couleur sont disposés à même l’asphalte à côté d’elle. Sur ses genoux, un bloc-notes où la fillette dessine.

J’arrive près d’elle et elle ne me calcule pas, plongée qu’elle est dans la confection de son dessin. Quelle drôle d’enfant ! Il se dégage d’elle une profonde tristesse, mais aussi une sorte de résignation dans son regard. Alors que d’autres petites filles de son âge jouent à la marelle ou à la corde à sauter en riant, Charmaine se terre chez elle, avec pour seuls amis ses dessins et son imaginaire d’enfant. 

Je songe à ma petite Allie. Deviendra-t-elle comme Charmaine, une petite fille solitaire et triste, ou bien sera-t-elle au contraire extravertie et dirigera-t-elle une bande de jeunes filles à la baguette ?

Je secoue la tête. Chris et moi allons tout faire pour qu’elle s’épanouisse dans ce monde. Allie ne deviendra pas comme Charmaine. Elle sera aimée et choyée par ses camarades. 

Je m’assis à côté de Charmaine. Cette petite m’intrigue avec son regard triste. Aurait-elle quelque chose à me dire ? J’imagine la petite dans sa chambre, en train de coiffer sa poupée préférée, et écoutant d’une oreille discrète les incessantes disputes de ses parents. Ce ne doit pas être facile pour cette gamine.

- Bonjour Charmaine.

Je ne m’attends pas à une réponse et ça tombe bien, je n’en ai pas eu. 

Je me penche vers le dessin de Charmaine et hausse les sourcils, soudain très intéressé par les traits grossiers qui représentent une jeune fille. Charmaine a pratiquement terminé de dessiner, il ne reste plus que les cheveux. Immanquablement, elle saisit son crayon jaune et gribouille une masse de cheveux blonds sur la tête. Blonds comme les cheveux de Lili. Charmaine connaît-elle Lili ?

- C’est très joli. Tu sais, tu es très douée pour le dessin.

Ma flatterie ne rencontre rien d’autre que l’impassibilité morne de la gamine. Impossible de la faire sortir de son monde. 

- Qui est cette fille que tu as dessinée ? C’est quelqu’un que tu connais ?

Cette fois, une question étant formulée, j’espère au moins une légère secousse de la tête pour me dire oui ou non. Mais rien ne se passe. J’ai l’impression de ne pas être présent dans cette scène.

Je tente une dernière fois de la faire réagir, et demande d’une voix la plus innocente possible.  

- C’est Lili Metcalfe ? 

Cette fois, ça fonctionne. Le mécanisme se déclenche. Charmaine tourne vers moi un regard affolé et secoue la tête énergiquement. Puis elle se lève d’un bond et court se réfugier dans la maison avec son bloc-notes, abandonnant les crayons sur la chaussée. 

Machinalement, je ramasse les couleurs. Ma tête bouillonne au point d’exploser. J’ai peut-être une piste. Charmaine connaît Lili. C’est elle qu’elle a dessinée. Comment la connait-elle ? Où l’a-t-elle vue ? Une certitude se forme : Les Grainger ont un rapport avec Lili. Et sans doute avec sa disparition. Je ne pense pas faire fausse route en avançant dans cette direction. 

Mary vient vers moi, un panier à linge dans la main. Intriguée, elle me voit ramasser les crayons. 

- Matt ?...

- Bonjour Mary, je crois que j’ai fait fuir Charmaine. 

- Ma fille est une petite sauvageonne, il ne faut pas lui en vouloir. 

Mary n’a visiblement rien vu de la scène et ne sait pas ce qui a provoqué un état de stress chez sa fille. 

- Ça tient toujours pour demain ? me demande-t-elle.

Et soudain, mon esprit en ébullition me fait comprendre que l’invitation à dîner de Mary Grainger est un sésame pour aller visiter la chambre de la fillette, tenter d’y voir peut-être d’autres dessins ; et en même temps de rendre une visite dans la chambre de Seth, voir s’il a quelque chose à cacher. 

- Oui, quelle heure ? 

 

Je rentre à la maison la tête enfoncée entre les épaules. Chris va sans doute m’en vouloir de ne pas avoir annulé. 

Bingo ! Chris m’en veut. Et il réagit avec une certaine violence dans la voix. 

- Bon sang Matt ! Je t’avais dit non. Mais qu’est-ce que tu as dans la tête ? !

Je lui explique mon plan. Et là le rouge colérique de ses joues vire au pourpre.

- T’es pas sérieux ! Dis-moi que t’es pas sérieux, Matt !!

J’ai rarement vu Chris dans une telle colère. Je m’approche de lui pour tenter de lui expliquer. 

- Chris, je suis sûr que les Grainger ont quelque chose à voir avec la disparition de Lili…

- Tout ça parce qu’une gosse qui ne te parle pas secoue la tête lorsque tu lui parles de Lili.

- Charmaine connait Lili, Chris. 

- Et quand bien même ! Enfin, Matt, ce n’est même pas un dossier. Tu ne défends personne, puisqu’il n’y a pas de corps. 

- Je veux savoir ! Et je te rappelle que j’ai un client : Kirian Cross. Si un jour il doit être accusé du meurtre, je veux pouvoir prouver qu’il y a d’autres pistes bien plus sérieuses. C’est pourtant pas difficile à comprendre !

Je me rends compte seulement maintenant que j’ai élevé la voix. Je m’excuse, mais le mal est fait. Allie s’est réveillée et elle crie depuis son lit. 

- Bravo ! me fait Chris d’un ton de reproche. 

Il va chercher Allie. Dans ses bras, ma petite fille ne pleure plus. Elle se sent en sécurité. Quant à moi, la pression redescend.

- Excuse-moi Chris, je n’aurais pas dû m’emporter. 

- Tu dérailles avec cette affaire. Aller fouiller la chambre d’une gamine de huit ans mal dans sa peau… Je ne te reconnais plus, Matt.

Il commence à habiller Allie, tandis que de mon côté, je cherche à me justifier. 

- Avec ses dessins, la gamine essaie de communiquer. C’est peut-être la seule façon pour elle de le faire et si je peux l’aider…

- Là tu vas trop loin ! La seule personne que tu veux aider dans ce cas présent, c’est toi et toi seul.

- Tu n’es pas juste, Chris. 

- Parce que toi tu trouves juste de te servir d’une pauvre fillette pour arriver à tes fins. Imagine que Jim Grainger vienne chez nous pour fouiller la chambre d’Allie, fouiller ses secrets… Tout ce que Charmaine a de plus cher dans ce monde se trouve dans sa chambre. Et toi tu es prêt à profaner son sanctuaire !

Je ne réponds pas. Parce qu’il a raison. Néanmoins, je trouve une autre excuse : 

- Mais si j’arrive à trouver quelque chose dans la chambre de la gamine, c’est aussi pour l’aider, elle. Pour qu’elle puisse parler de ce qui la tracasse, qu’elle puisse s’exprimer aussi…

Chris met Allie dans la poussette.

- Je vais faire une promenade avec notre fille. J’ai besoin d’air frais avant que je ne dise des choses que je risque de regretter. 

Je capitule.

- OK, c’est bon, tu as gagné. Je vais annuler l’invitation.

- J’ai gagné ? Ce n’est pas un jeu, Matt ! 

Je me sens de plus en plus ridicule devant les arguments de Chris. Il se tourne vers moi.

- On va y aller, à cette soirée, fini-t-il par dire. 

Avant de s’en aller, il me regarde une dernière fois en secouant la tête.

- J’espère que tu sais ce que tu fais. 

Puis il s’en va. Moi qui étais rentré plus tôt pour pouvoir passer du temps avec Allie, me voilà seul pour le restant de l’après-midi. Enfin, pas si seul que ça puisque je suis accompagné par mon fidèle mal de tête. 

A suivre...

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